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Questions d'éthique et de déontologie

Travail : Analyse d'une situation avec un enjeu éthique.

1) Description d’une situation qui présente un enjeu éthique (vécu ou non).

 

C’était il y a 4 ans, j’avais donc 21 ans. J’étais la grande chef d’une section de 45 lutins.

Les plus grands de la meute (11 ans), étaient (presque) toutes très soudées. Il y en avait juste deux, plus réservées, qui n’arrivaient pas à se faire une place. L'histoire qui suit est à propos d’une de ces filles en particulier.

 

Elle s’appelle Maroussia (nom d’emprunt) et est un petit peu forte. Elle subit beaucoup de moqueries, que ce soit à l’école ou chez les lutins et ça se ressent très fort dans son caractère. Elle ne parle pas beaucoup, est souvent sur la défensive et se cache derrière ses habits. Au milieu de l’année, nous remarquons, mon staff et moi, que Maroussia a très fort maigri. Des lutins viennent nous en parler parce qu’elles s’interrogent par rapport à ce changement. Nous ne nous alarmons pas parce qu’elle a l’air plus épanouie et mieux dans sa peau et nous ne voulons pas changer cela.

Au fur et à mesure des réunions de l’année, nous voyons l’état de Maroussia s’aggraver. Elle ne mange plus rien lors des week-ends, elle se contente d’une bouchée de sandwich pour une journée pleine d’activités. Nous décidons donc d’en parler avec les parents avant le grand camp de juillet. Sa maman nous dit simplement qu’il faut la forcer à manger, que ce sont des caprices pour se faire remarquer. Que dès qu’on ne fait plus attention à elle, elle se remet à manger sans poser de problème. Nous en parlons à nos parents respectifs qui nous disent d’attendre de voir comment elle se comporte lors du camp pour pouvoir agir en conséquence.

Les premiers jours se passent, et Maroussia ne mange pas. Nous avons prévenu les plus grandes qu’elles devaient l’encourager (de façon implicite), nous avons essayé la technique de ses parents, nous avons essayé de la forcer à manger, nous avons adapté des plats pour que ce soit ce qu’elle préfère. Rien n’a fonctionné. Nous avons donc repris contact avec les parents pour leur expliquer que leur fille n’allait vraiment pas bien et que nous ne pouvions pas la garder chez nous sans qu’elle mange. Un camp lutins est plein d’activités et elle manquait de force. Ses parents ne nous ont pas crus, ils nous ont dit la même chose que les fois précédentes. Nous avions beau leur expliquer les pleurs constants de leur fille dus au froid et au manque de force, rien n’y faisait.

Durant le camp, il y a ce qu’on appelle le « hike », une grande balade de deux jours avec une nuit hors du campement. Vu qu’elle était dans l’année des grandes, nous avions un trajet de 25 km en deux jours à réaliser. Nous avons décidé, contre l’avis des parents, d’aller chez le médecin, afin d’avoir un avis sur les capacités de Maroussia à faire cette randonnée. Nous lui avons tout expliqué, avec l’animée à coté de nous. Le médecin lui a posé des questions sur son état de fatigue, sur sa faim, sur sa force. Mais elle répondait très vaguement.

 

Le verdict du médecin est tombé, si Maroussia ne mangeait pas avant de partir, elle ne pouvait pas participer au hike. Cette « menace » n’a pas fonctionné, elle n’a pas mangé plus, et nous avons été forcés d’appeler ses parents pour qu’ils viennent la rechercher.

 

Au début, sa maman ne voulait pas accepter, elle ne voulait pas venir la chercher en disant que sa fille en était capable. Heureusement, que le papa a réussit à la convaincre.

Après cela, nous avons appris que Maroussia était partie à l’hôpital, dans un centre pour les enfants anorexiques. Ses parents ne nous ont jamais avertis ni remerciés. Nous étions les « mauvais ».

2) Formulation du questionnement éthique à partir de la description

 

"A partir de quand pouvons-nous aller à l’encontre de ce que des parents décident pour leur enfant mineur ?"

 

3) Recherches pour compléter les faits

 

Convention des Droits de l’Enfant ; 3e droit :

« Chaque adulte doit toujours faire ce qu’il y a de mieux pour les enfants. Quand un adulte prend une décision, il doit réfléchir aux conséquences que cette décision aura sur les enfants. »                                  https://www.unicef.be/fr/a-propos-unicef/notre-inspiration/les-droits-de-lenfant/

 

L'anorexie n’est plus uniquement associée à l’adolescence. Cette pathologie a tendance à atteindre de plus en plus d’enfants. C’est depuis 15 ans que les spécialistes et les institutions remarquent que les troubles alimentaires commencent chez des patients de plus en plus jeunes. Cette pathologie atteint des enfants de 6 à 12 ans.

Avant, les médecins ne constataient qu’un cas d’anorexie infantile par an. Maintenant, ce n’est plus du tout un fait exceptionnel.

L’anorexie est plus difficile à prendre en charge chez les enfants que chez les adolescents. Elle est moins bien diagnostiquée, moins bien définie et moins bien prise en charge. Pourtant, elle est comparable à l’anorexie chez les plus grands ; refus de s’alimenter, perte de poids et préoccupation importante de la forme de son corps.

Cependant, ce trouble alimentaire se veut plus flexible chez les jeunes enfants que chez les grands. Comme le dit Solange Cook-Darzens, docteur en psychologie, thérapeute familiale, et ancienne co-responsable de l’Unité des troubles du comportement alimentaire au service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent au CHU Robert Debré, dans son ouvrage Approches familiales des troubles du comportement alimentaire de l’enfant et de l’adolescent (Erès, 2014), seul le « noyau central » de la symptomatologie de l’anorexie a été conservé.                                              http://www.psycom.org/Actualites/A-lire-a-voir-a-ecouter/Le-Cercle-Psy-L-anorexie-chez-l-enfant-un-phenomene-sous-estime

Quelque chose qui est propre aux enfants est la restriction hydrique qui peut provoquer une forte déshydratation. En effet, les enfants vont simplement éviter tout sentiment de lourdeur. Ils pourront par exemple manger des gâteaux mais ne pourront pas boire d’eau, de peur de grossir.

De plus, ils sont plus immatures émotionnellement et cognitivement que les adolescents. Ils ont plus de difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent et leurs émotions.

« La dimension cognitive (préoccupations concernant le poids et les formes) n’est pas toujours exprimée, ni même présente dans l’esprit de ces enfants, ce qui n’empêche pas ces petites filles de sélectionner leur alimentation comme si elles étaient préoccupées, insiste Solange Cook-Darzens. Il est important de souligner cette particularité car c’est ainsi que de nombreux généralistes et pédiatres ‘‘ratent’’ le diagnostic d’anorexie mentale chez les enfants et que ceux-ci nous arrivent tardivement, en urgence »

http://www.psycom.org/Actualites/A-lire-a-voir-a-ecouter/Le-Cercle-Psy-L-anorexie-chez-l-enfant-un-phenomene-sous-estime

 

Les enfants vont émettre des plaintes somatiques telles que des douleurs abdominales, la peur de vomir, des vertiges, etc.

 

L’anorexie chez les enfants est due à différents facteurs :

  • Facteurs personnels : faible estime de soi, idéalisation de la minceur, ...

  • Facteurs familiaux : divorce, deuil ; fait marquant.

  • Facteurs sociaux : disputes, moqueries, stress, ....

 

Le perfectionnisme est un des facteurs les plus importants. Ces petites filles paraissent parfaites sur tous les plans et se perfectionnent également dans leur maladie.

 

Je parle beaucoup de « petites filles » parce que le cas que j’ai vécu était avec une petite fille. Cependant, il est important de savoir que sur 10 enfants, 3 sont des garçons. Chez les adolescents, il ne s’agit que d’un garçon sur 10 enfants. 

4) Argumenter à propos du dilemme éthique grâce à la théorie vue en cours

 

Afin d’argumenter mon dilemme, j’ai choisi de me baser sur l’éthique déontologique dont Kant est le principal représentant. En effet, nous avons fait en sorte de mettre l’enfant en avant, de voir ce qui était le mieux pour elle, afin qu’elle reprenne confiance et qu’elle goûte à la joie de vivre à nouveau.

 

Ethique déontologique : baser nos actions sur des principes, des devoirs moraux. On insiste sur l’action en elle-même.

 

Nous avons agis en pensant que l’action était nécessaire par rapport à nos principes moraux. Nous ne pouvions pas laisser cette petite fille sans l’aide dont elle avait besoin. Nous n’avons pas beaucoup réfléchi aux conséquences que cela aurait sur les parents parce que nous pensions au bien-être de l’enfant en premier.

Nous avons essayé de lui faire plaisir en lui donnant ce qu’elle voulait manger. Sa petite sœur nous a dit son plat préféré, rien n’a fonctionné. Nous avons donc pensé au meilleur intérêt en la faisant rentrer chez ses parents.

 

5) Mettre en évidence des résolutions possibles et trouver une solution à l’aide d’arguments

 

  • Laisser l’enfant en détresse et lui faire marcher les 25 kilomètres. Si ses parents l’estiment capable de le faire il n’y a pas de raison de contredire cet avis-là.

 

  • Emmener directement l’enfant à l’hôpital pour prouver aux parents qu’ils ont tort.

 

  • Convoquer les parents au camp pour qu’ils voient l’état de détresse de leur enfant.

 

Je pense que si c’était à refaire, je choisirais la situation 3. Faire venir les parents sur place avant de demander l'avis d'un médecin. Ils auraient vu son état de fatigue et de détresse et s’en seraient surement occupés plus tôt. Nous avons agis en fonction de ce que nous pensions être la meilleure solution. Cependant, aller contre l’avis des parents n’est pas souvent une bonne idée.

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